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itinerance
30 décembre 2016

La Géorgie

La Géorgie

 

Tbilissi

 Six mois déjà. .. me sépare du retour de Géorgie il se peut que ma mémoire ne soit pas très fidèle. Je rêvais d'un voyage dans le Caucase et me souvenais de cette soirée organisée par Philippe où nous dînions ensemble avec l'ambassadeur de Géorgie. Nous nous étions perdus de vue depuis quelques années mais ne doutais pas qu'il conservait des relations avec ce pays qu'il affectionnait. Bien m’en pris : il me mit en contact avec David, jeune arménien qu'il avait connu lors d'un séjour en France aussitôt après la chute du communisme et avec qui il avait noué des relations quasi filiales.

David se met en quatre pour m'aider et rendre mon séjour aussi agréable que possible. Il  vint m'accueillir à l'aéroport de Tbilissi à quatre heures du matin le jour de mon arrivée. Il m’amena à mon hôtel dans le centre de la vieille ville où je laissais mon sac à dos mais fut fort surpris d'apprendre que je n'avais réservé que pour la nuit qui venait et que je préférais passer cette fin de nuit dans les rues de cette ville que je ne connaissais pas encore.

 Le soleil sur la place Méidan

 J'attendis le lever du soleil à la terrasse du café qui domine la place, face au vieux pont et au quartier arménien de l'autre rive du fleuve, la Koura, qui traverse la ville.

Les premières heures furent donc consacrées à la découverte matinale et solitaire du centre de la vieille ville  et très vite je tombais sous le charme de cette perle du Caucase, cité cosmopolite à la confluence de diverses civilisations, riche des traditions des peuples qui s'y succédèrent. Il serait trop long d’ en retracer l'histoire. Au centre de réseaux commerciaux grecs et romains, convoités par les grands empires d'autrefois elle fut perse sous les sassanides avant d'être arabe au huitième siècle mais c'est le roi David qui en fit la capitale de son royaume chrétien et elle connut son apogée sous la grande reine Tamar.

Sous l’empire russe elle devint au 19e le centre impérial de la Transcaucasie. Peuplée alors essentiellement d'Arméniens elle est aussi un important centre kurde, grec et russe.

Elle conserve aujourd'hui toutes les marques de cette riche histoire : les bains arabes, le grand quartier arménien d’Avlabari et les Champs-Élysées, l'avenue Roustaveli à l'empreinte russe très marquée, véritable centre culturel du pays.

 Églises, cathédrales, synagogues et mosquées

 L'orthodoxie fait partie de l'identité nationale et le discours officiel laisse penser que toutes les religions présentes vivent en bonne intelligence. Il est vrai que le quartier des bains essentiellement musulmans possède sa mosquée, la belle et vaste synagogue de la rue Léssélidzé(je séjournerai la plupart du temps dans ou aux alentours immédiats de cette vieille rue sympathique) pourrait témoigner d'une grande tolérance de cultse différents de la religion dominante.

Pourtant quelques signes m’ont amené à relativiser : la grande cathédrale arménienne de la même rue reste fermée pour des raisons de… sécurité. Visiblement il y a moins de tolérance vis-à-vis de l'église apostolique d'Arménie que vis-à-vis d'autres cultes(nombre de ses églises ont d'ailleurs été transformés en églises orthodoxes) et le lieu choisi pour construire l'immense cathédrale nationale « Tsimda Saméba » sur la colline au cœur du quartier arménien est significatif.

Mais prenons plaisir à déambuler dans les rues piétonnes de la vieille cité:Bambis Rigui,Chardin et Sioni où vous découvrirez l’ancienne cathédrale et son musée. Allez ensuite déjeuner sur l'une des terrasses de la rue « des restaurants » : j'y ai pris mes habitudes et vous me trouverez midi et soir dégustant quelques plats locaux, les serveurs connaissent maintenant mes plats  préférés (champignons poêlés, lobio, odjakhouri)

Globalement je passerai une dizaine de jours dans la ville dans divers hôtels. J'ai préféré l'appartement  loué par Marie sur la vieille rue puis la chambre chez sa sœur à proximité, tous les deux parfaitement indépendants et de grande qualité. J'ai par contre peu apprécié mes 3 nuits dans un hôtel du quartier arménien, en face du palais présidentiel , dépourvu de toute vie nocturne. Je le rejoignais en passant sur le curieux pont de verre qui surplombe la Koura puis les escaliers qui permettaient de monter jusqu’au quartier

Conçu par l'ancien président Mikheïl Saakachvili ce pont est assez joli et témoingne de son goût pour une architecture à base de verre et d'acier que nous retrouverons dans nombre d'immeubles construits sous son règne.

Puisque j'en parle, quelques mots sur la vie politique de la Géorgie

 Le rêve géorgien

 J'avais suivi l'émergence de la mouvance nationaliste autour des Gamsakhourdia père et fils,ce dernier sombra dans la folie chauvine et se révéla fort médiocre président. Lui succéda l’ère de Chevardnadzé, ancien ministre des affaires étrangères russe et homme pondéré.

 En 2004 après la révolution des roses vint le temps de Saakachvili, revenu des États-Unis et très marqué par la culture américaine il entreprit d'abord des réformes indispensables pour redresser le pays. La Géorgie restait marquée par les stigmates de l'époque soviétique, entrepris de grands travaux qui en changèrent le visage. Il régla sans effusion de sang le sort de la république autonome d’Adzharie(autour de Batoumi) mais restait deux épines : l'Ossétie du Sud et l’Abkhazie, province séparatiste d'obédience russe.

Au fil des années la mégalomanie du président lui aliéna une bonne partie de la population et il se laissera entraîner dans un conflit mortel avec l'Ossétie. Je n'ai jamais compris pourquoi il avait attaqué ce territoire défendu par les troupes russes. Son armée défaite,il ne s'en relèvera pas. Son parti sera battu aux législatives de 2013 (et Raphaël Glucksmann son conseiller revient en France et jouer son BHL)le pouvoir revient alors au « rêve géorgien » d’Ivanichvili , parti qui vient de se voir conforter aux dernières élections.

PS : Il vient actuellement de démissionner du poste de gouverneur d’Odessa en Ukraine dont il possède aussi la nationalité

 La ville

Je l'ai parcouru pendant de très longues promenades, prenant le téléphérique pour monter jusqu'au fort, parcourant le quartier musulman, traversant la rivière pour découvrir le quartier Plékanov où domine l'art nouveau le néoclassicisme russe, m'aventurant jusqu'à Vera et Vaké. Mais après la vieille ville j’ai surtout apprécié.

l’avenue Roustaveli, ses grands trottoirs, ses cafés et restaurants, théâtres et musées, en particulier celui des Beaux-Arts qui expose les œuvres de Pirosmani, le naïf géorgien qui échangeait ses décorations, les enseignes qu'il peignait  contre un repas, il dormait dans les caves avec pour seul bien ses pinceaux. J'ai aimé ses tableaux, beaux, originaux.

 La découverte du pays

 La meilleure solution consiste à prendre des excursions journalières au départ de la capitale(sauf pour la partie ouest trop éloigné). Pour un prix très réduit de petits cars confortables partent  tous les jours de la vieille ville.

 David Goredja

 J'ai commencé par les monastères troglodytiques de David Goredja, à la frontière de l’Azerbaïdjan, Dernier bastion de la chrétienté perdu dans les monts désertiques au sud de la Kakhétie. Plusieurs fois ravagée ils furent un grand centre de savoir possédant école de peinture murale, académie de traduction de livres saints et école de philosophie. Ils ont été aujourd'hui bien restaurés mais je ne verrai que le plus facile d'accès. J'ai renoncé à suivre le groupe qui s'aventurait sur le chemin très pentu, glissant ou à chaque pas je manquai de m'étaler et je craignais surtout le retour ! Je retournais donc  attendre les compagnons de voyage dans le minibus et ne fit pas comme l'Américain que nous avons vainement attendu avant de comprendre qu'il avait pris  taxi pour le restaurant éloigné d'une dizaine de kilomètres.

Étonnant restaurant ou plutôt petite gargote, je fus étonné d'entendre les chansons de Brassens : elle était tenue par un couple de polonais francophone venu s'installer ici, dans ce relais perdu à la frontière azérie.

 Toujours dans la même province  je conseille également une halte à Tsinandali où le palais des princes Tchavtchavadze(le plus célèbre Alexandre, poète et grand général du 19e) a été superbement rénové, vous pourrez aussi y déguster l'un des excellents crus de la propriété.

 Mtskhéta

 Proche de Tbilissi elle ne nécessite pas une excursion, c'est David qu'il m’y amena et réussi à me trouver une guide francophone(en réalité il connaissait certainement aussi bien qu'elle les trésors de l'église)

Cette petite cité est la capitale spirituelle de la Géorgie. Elle est dominé par le monastère de Djvari sur la falaise où sainte  Nino aurait  plantée une croix de vigne, première marque de chrétienté en territoire alors païen.

La cathédrale de Svetitskhoveli, la deuxième en importance du pays, reste le monument le plus visité. Elle est entourée de fortifications de briques et son apparence est unique avec sa pierre jaune sablonneuse et sa coupole en pierre verte. Je renonce à vous en décrire l'intérieur et les multiples légendes qui l’accompagne.

 Le mont Kazbek

 je voulais prendre la route militaire du Grand Caucase vers la frontière minérale qui sépare la Géorgie de la Russie, longue route montagnarde qui mène à un col bloqué par éboulement un  lors de mon séjour, incident qui entraîna des kilomètres de queue de camion ne pouvant franchir la frontière. Impressionnant.

La petite ville de Khazbéguii  est surtout connue pour l'église de la Sainte Trinité(je renonce à l'écrire en géorgien), perchée sur son piton au pied du mont. Il faut l'atteindre ! Pour cela vous devez quitter le minibus et prendre pendant sept à 8 km un 4x4 pour affronter un redoutable chemin de pierre où se croisent sans cesse les véhicules qui montent ou descendent. Il faut toute l'habileté les chauffeurs pour éviter de chavirer.

Beaucoup de routes pour ce périple mais je dois reconnaître que la vision offerte du site de la chapelle  sur la vallée et les monts est extraordinaire.

 La gorge de Bordjomi et Vardzia

 Vardzia

 C'est le site, celui qu'il faut voir, la ville troglodytique de la reine Tamar perdue dans le canyon de la Koura, le plus étonnant du pays. Grandiose, conçu pour contrôler la frontière avec le pays turc. La cité se développa  sur 13 étages habités avec l'église de l’Assomption en son centre. C'est un entrelac de tunnels, de passages souterrains et d'escaliers reliés de manière complexe ou deux de mes compagnons de voyage, venu pour un long week-end d’Oman me proposait régulièrement le secours de leurs épaules craignant que le senior français ne se casse la figure dans les pentes glissantes et mal éclairées.

 Bordjomi

 C'était, et c'est encore la ville de cure apprécié des Russes. Deux jeune femme russes de notre groupe disaient combien Il avait été difficile pour elles de se priver de cette eau pendant le récent conflit qui entraîna un boycott des produits géorgiens en Russie. Il est vrai qu'elle est excellente pris à La fontaine dans le parc et que si son effet est aussi remarquable qu'on le dit sur les brûlures  d’estomac j'y ferais volontiers une cure. Ce fut un soldat russe en 1829 qui permit dans découvrir l'efficacité : après avoir bu pendant quelques jours cette eau ses terribles douleurs disparurent.

La ville par elle-même a conservé un certain charme, celui des villes d'eau anciennes.

 

PS : sur la route pour rejoindre les gorges nous passons à proximité d’Akhaltsikhé ville d'origine de la famille Aznavour(ian), c'est une partie de la Géorgie où la population arménienne est nombreuse.

 

 

 

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