Géorgie et Arménie
La Géorgie et l'Arménie
Il me restait à découvrir la partie occidentale de la Géorgie, l’Iméréthie et l’Adjarie.
Gori
Aucun touriste qui prend la route de l'Ouest ne peut ignorer Gori, la ville de Staline où le petit père des peuples est toujours honoré.
J'avais envisagé d'y dormir mais la ville, sans être déplaisante ne présente pas suffisamment d'intérêt pour une longue halte.
Le musée, bien sûr grand monument stalinien, est précédé de la cabane reconstruite où vécue la famille de Staline.
Entrée dans le musée vous êtes accueillie en haut de l'escalier par une grande statue du héros local. Ma visite fut fort brève je m'arrêtais dans le hall puisque les visites étaient guidées et qu'il fallait attendre qu'un groupe se constitue. Je n'avais d'autre part guère envie d'entendre le panégyrique de l'ancien maître de la Russie, tous les gadgets à sa gloire vendue dans la boutique de souvenirs ne laissaient guère de doute sur l'esprit qui régnait dans ce lieu.
Je repris donc un bus pour rejoindre Koutaïssi
Koutaïssi
Koutaïssi est la deuxième ville du pays et je m'y suis trouvé bien. J’avais demander au bus de m'arrêter dans le centre de la ville nouvelle alors que l'hôtel que j'avais repéré se trouvait bien sur la vieille ville. Je ne doutais pas de trouver dans un guichet de banque de sympathiques confrères, en fait ce fut de jeunes consœurs qui me renseignèrent, trouvèrent l'hôtel sur une carte et demandèrent à un taxi de m’y mener.
À l'hôtel California l'accueil de la propriétaire fut charmant. Sans me demander le moindre papier elle m'installa dans une belle chambre. Je compris le lendemain la raison de cet accueil lorsque je lui dis vouloir rester plusieurs jours et qu'elle me répondit « vous avez réservé et pouvez donc rester » elle m'avait confondu avec un autre Français, qui heureusement pour moi ne s'était pas présenté.
Les jardins sont nombreux dans les vieux quartiers de la ville, les habitations pittoresques et le climat, presque océanique, agréable. Cette cité est également bien pourvue en restaurant et bars. La vie y est beaucoup moins trépidante que dans la capitale.
La légende voudrait que Koutaïssi ait été la cité de référence de la civilisation colchidienne, peut-être la capitale du roi Eétès, le père de Medée.
Mais c'est la cathédrale de Bagrati qui fait la fierté des habitants… et le désespoir de l'Unesco. Dans sa folie des grandeurs l'ancien président a voulu reconstruire sur les ruines classées de l'ancienne cathédrale un nouvel édifice : une nouvelle coupole, un pan de mur en verre sont venus « embellir » l'ensemble sans tenir aucun compte des recommandations de l'Unesco etc. la cathédrale a donc été retirée de la liste du patrimoine mondial !
Tskaltoubo et ses magnifiques grottes
Située à une demi-heure à peine de Koutaïssi elle était la ville thermale de luxe à l'époque stalinienne. Spécialisée dans ce que l'on appelait la « spéléothérapie ». Les termes et les sanatoriums sont harmonieusement situés dans un grand parc et le tout reste bien entretenu. Mais je suis venu avant tout pour les grottes : je n'ai jamais vu un aussi vaste ensemble souterrain, vous faites quelques kilomètres sous terre environné de stalactites et de stalagmites savamment éclairées. Une promenade dans la fraîcheur de la terre.
J'ai hésité puis finalement renonc2 à aller voir le monastère de Guélati et le palais royal de Guégouti.
Cette escale en Imméréthie fut l'une des plus agréables de mon séjour géorgien.
Il me restait à découvrir l’Adjarie côtière
Batoumi
Voici la station la plus réputée de la mer Noire géorgienne, à immédiate proximité de la frontière turque. Elle a repris vie grâce à une rénovation très kitsch de Saakachvili que l'on peut ne pas apprécier mais qui participe pour les touristes à l'attrait de la ville. Très animée l'été elle est la destination phare des Tbilissiens. J'avoue que sa très longue plage ne m'a pas séduit, elle ressemble trop à celles de la côte roumaine ou bulgare, j'ai préféré me promener dans les ruelles du centre.
Bien sûr vous ne résisterez pas à la tentation, j'ai cédé, de prendre le téléphérique qui monte sur les hauteurs et vous permet d'avoir une vue panoramique de la cité.
Pourtant je ne m'y suis pas attardé et après deux jours ait décidé de rentrer vers la capitale.
Je n'ai pas été assez prudent dans le choix du minibus pour ce long trajet de six heures : le conducteur fumait et malgré mes demandes réitérées ne consentait pas à éteindre sa cigarette, j'ai donc voyagé fenêtre ouverte
L'Arménie
David avait négocié pour moi le minibus vers Erevan en spécifiant bien qu'il devait être absolument non-fumeur. Le contrat fut respecté et le chauffeur s'arrêtait pour fumer.
Disons le tout de suite : j'ai été déçu par l'Arménie. J’arrivais pourtant avec une grande sympathie pour ce peuple victime de génocides, premier royaume à se convertir au christianisme et terre de vieilles civilisations.
L'Arménie n'occupe qu'une petite part de ses terres historique, son Peuple est aujourd'hui ethniquement homogène, le pays est très isolé entre des voisins hostiles(la guerre au Haut-Karabakh a repris quelques jours cet été. Cette enclave arménienne en terre Azerbaïdjienne, conquise de haute lutte il y a quelques années est toujours l'objet d'un conflit latent). Dans ce contexte elle a préféré conserver des relations amicales avec la Russie qui entretient toujours une base militaire sur son territoire et s'est rapprochée de l'Iran. Les jeunes de Téhéran viennent d'ailleurs faire la fête le week-end à Erevan !
J'ai été tenté de vous infliger un cours d'histoire, de vous parler de la Cilicie lieu de première migration de ce peuple sur la côte turque où les princes s’allièrent aux croisés pour repousser la menace arabe mais je vous aurais lassé et préfère arriver directement au XIXe siècle lorsque les Arméniens acceptent la tutelle russe de bon gré, tutelle bien moins prégnante que celle de l'empire ottoman. Vous connaissez certainement l'histoire des génocides successifs que subit ce peuple, en particulier après la première guerre mondiale, victime de la frustration et du nationalisme des Turcs entraînés par Atatürk. Aussi la soviétisation apparaîtra-t-elle à beaucoup d'Arméniens comme un moindre mal et explique sans doute encore pourquoi ils expriment toujours de la sympathie pour le grand voisin.
L'église apostolique d'Arménie
Premier royaume chrétien du monde l'Arménie possède son église, elle fait aussi partie de son identité. Elle n'est pas rattachée à Rome même si aucune différence théologique n'explique aujourd'hui cette séparation.
Grégoire l’illuminateur converti le roi Tiridat en 301 à la suite de sa guérison miraculeuse. Un roi, une foi, tout le royaume devint chrétien.
le rejet par le clergé arménien des dispositions théologiques adoptées par l'église chrétienne au concile de Chalchédoine en 451 lui vaut d'être accusé de monophysisme(le débat porte sur la nature du Christ « le Christ est un » dit la tradition mais qui l'emporte de la nature humaine de nature divine ?). En réalité seule l'absence des évêques arméniens empêchés de participer au concile par les conflits locaux explique cette non-acceptation des conclusions du concile, l'ambiguïté dogmatique est levée depuis longtemps mais l'église apostolique autocéphale a préféré conserver son autonomie.
Peut-être connaissez-vous le monastère arménien de l’iîe de San Lazarro dans la lagune de Venise, elle fut donnée à un prêtre arménien converti au catholicisme et fidèle au pape, il y fonda ce monastère qui accueille une dizaine de moines et que vous pouvez toujours visiter.
Erevan
La ville manque singulièrement de charme à mon sens. Il est vrai que victime de séismes fréquents elle fut reconstruite et ne diffère donc en rien des grandes villes modernes. Ici peu de quartiers anciens, peu de traces du passé.
J'avais choisi de séjourner dans la rue Abovian, à proximité de la grande place de la république. Un tout petit hôtel, quatre chambres, en cours de rénovation et totalement dépourvue de charme. Son seul intérêt était d’être à proximité de toutes les rues commerçante du centre. Le restaurant proche, dans un jardin où vous ne pouviez accéder qu’en empruntant un escalier et en passant par une exposition de peinture vous permettait de bénéficier d'un peu de fraîcheur lorsqu'il n'était pas complet. En remontant vers l'opéra vous arriviez dans un beau jardin entouré de cafés, l'endroit le plus sympathique de la ville pour moi.
Après deux nuits j'ai opté pour un autre hôtel, attiré par la réputation des gorges du fleuve Hrazdan. Le Grand hôtel qui domine les gorges s'est révélé un bon choix. Des chambres confortables, un restaurant sous les arbres face à la piscine, son seul inconvénient était d'être très excentré et qu'il faille pour le rejoindre une longue marche dans la ville, marche qui me permit toutefois de découvrir des lieux où je ne serai jamais passé et en particulier l'église « Sourp Hovannes ».
Les bords du fleuve tant vanté permettent sur leurs deux rives de longues promenades, par contre les petits restaurants m’ont déçu. En marchant beaucoup vous finirez par découvrir une gargote , apprécierez son vin mais n'aurez guère le choix.
J'avais visité à proximité de l'église Sourp Sarkis un Bunkhouse fort bien situé sur les hauteurs des gorges mais j'ai finalement renoncé à y dormir même s'il semblait que j'en sois le seul client potentiel .
Erevan recèle un joyau: l’institut des manuscrits anciens.
Le Matenadaran,
C'est la visite que vous ne pouvez manquer. Il abrite un patrimoine inestimable constitué de milliers de manuscrits enluminés. Ils sont précieusement conservés. Quelques 16000 livres et documents diplomatiques plus récents.. Le livre est sacré(« pour le sot, le manuscrit n'a nulle valeur, pour le sage, Il a le prix du monde ») et l'objet d'un art pictural perpétué par les copistes médiévaux guidés par cette conviction « cette main redeviendra poussière, le livre écrit perpétuera son souvenir»
La sauvegarde de tous ces documents pendant les massacres a donné lieu à bien des actes d'héroïsme.
La diaspora
Vous entendrez souvent par les Français à Erevan, dans la rue, dans les restaurants nos compatriotes sont nombreux. À plusieurs reprises engager la conversation, en particulier dans mon deuxième hôtel vous séjournez plusieurs familles française, tous mes interlocuteurs était d'ascendance arménienne et venaient retrouver leurs racines. La diaspora constitue l'essentiel du tourisme en Arménie.
Les visites
Comme en Géorgie le meilleur moyen de visiter ce petit pays consiste à prendre chaque matin un minibus à Erevan. C'est ce que je fis à trois reprises renonçant à séjourner dans d'autres lieux.
J'avais initialement prévu de rester deux ou trois jours au bord du grand lac Sevan réputé d'une beauté exceptionnelle. Il est dépourvu d’infrastructures susceptible de me séduire pour un séjour. Peut-être n'ai-je pas été assez patient pour les découvrir.
Au bout de la presqu'île de Sevan et dominant le lac la visite des deux églises est incontournable mais c'est une constante je ne verrai qu’églises et monastères au cours de ces trois jours.
Je renoncerai à les énumérer et à vous les décrire, beaucoup se ressemblent, par contre il en existe aussi de magnifiques situés dans des sites grandioses, entourés de montagnes, bien protégés, les moines savaient choisir leur lieu de résidence et de prière !
Le Vatican arménien : Etchmiadzin
Située au cœur d'une plaine agricole à proximité du mont Ararat c'est la ville des Arméniens. Centre de pèlerinage, c'est là que bat depuis le cinquième siècle le cœur de la chrétienté arménienne..
Les églises sont nombreuses. En arrivant la première est celle de sainte Hripsimée qui après avoir fui les avances de Dioclétien refusa celle du roi pas encore converti et choisit le martyre, fallait-il qu'il soit laid Tiridate III ! Construite suivant le plan de la Croix cette église résume les grands principes architecturaux arméniens, elle servira de modèle à de nombreux édifices religieux.
Le Saint-Siège situé au cœur de la cité, l’enceinte du monastère enserre la cathédrale les deux palais du catholicos.
La cathédrale
Elle était malheureusement en cours de rénovation lors de mon passage et entourée d'échafaudages. Détruite et restaurée à plusieurs reprises elle doit son aspect actuel aux travaux effectués au XVIIe siècle : la coupole centrale, très ouvragée, parcourue d'une élégante arcature en ogives torsadées a été élevée en 1627. Mais le trésor conservé au sein d'une aile de la cathédrale constitue le clou de la visite. Les reliques sont nombreuses et bien sûres authentiques, qui oserait en douter à l'ombre du mont Ararat où se posa l'arche de Noé ?
Vous pourrez y voir la lance de la passion, celle dont la pointe a transpercé le Christ, elle fut apportée de Jérusalem par l'apôtre Thadée, la main de saint Grégoire l’illuminateur, un fragment d'une planche de l’arche de Noé dans un cadre d'argent doré, un morceau de crâne de la Sainte et martyre Hripsimée et j'en oublie certainement.
Quand vous sortirez en état de grâce de l'enceinte n’oubliez pas de contempler le mont Ararat, son sommet enneigé sera peut-être ceint de nuages mais sa Majesté vous impressionnera…
Sur le chemin du retour vers Erevan un dernier arrêt que vous ne regretterez pas : la cathédrale de Zvartnots, les ruines de cette église en forme de rotonde laisse imaginer ce qu'elle fut au temps de sa splendeur.